Le CSF

2002-2003 Action sur l’ile de Karabane

Le problème écologique et humain

A l’époque où le monde occidental consomme l’énergie planétaire plus que de raison, l’électricité, les fours à micro-ondes, les machines à laver et autres appareils électroménagers sont notre quotidien. Nous devons nous efforcer de trouver une alternative pour réduire cette consommation abusive d’énergie aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement. Une de ces alternatives est l’utilisation de l’énergie solaire pour cuire des aliments, stériliser de l’eau, produire de l’électricité individuelle dans ces pays qui n’ont pas les moyens financiers de construire de lourdes infrastructures productrices d’énergie. Ainsi, nous pouvons réduire la consommation des ressources planétaires et limiter la pollution. Depuis Octobre 2002, l’association " Club Sans Frontière " axe ses recherches sur les énergies renouvelables et écologiques. Suite à nos investigations, nous nous sommes orientés vers la construction de fours solaires, après la rencontre avec M. GATIN, membre de l’association " Bolivia Inti ".

Les cuiseurs solaires présentent des avantages dans plusieurs domaines :

- Santé : suppression des diarrhées et troubles intestinaux suite à une pasteurisation de l’eau, ainsi que des maladies des yeux et des poumons liés à la cuisine au feu de bois ; conservation des vitamines et minéraux qui sont détruits par la cuisson à l’excès.
- Environnement : réduction de l’érosion prématurée des sols due à la déforestation, atténuation de l’effet de serre.

La déforestation sur l’île de Carabane

- Economie : réduction des dépenses de combustible, création d’emplois locaux pour la construction.
- Liberté : les femmes et les enfants ne sont plus contraints à la corvée du bois (15 heures en moyenne par semaine, 4 fois 20 kg).

L’utilisation de l’énergie solaire a un avenir prometteur dans les pays en voie de développement car elle présente des avantages immédiats pour les populations, ainsi qu’à plus long terme pour l’environnement.

Lilibé : un éco-site en Casamance

Cet article a été écrit par Mosso ETHOIN, trésorier de l’association Eco-lilibé.

La Casamance est la région du Sénégal située au sud de la Gambie. Elle possède une diversité culturelle et une richesse naturelle exceptionnelle. Mais malheureusement, elle souffre toujours d’une mauvaise réputation après le mouvement de rébellion indépendantiste qui a pourtant cessé depuis 1995 et laissé la région comme paralysée. Elle reste géographiquement isolée et volontairement ignorée du gouvernement Sénégalais même s’il y règne une paix solide et une réelle volonté de sortir du blocus économique. L’est de cette région, est appelée Basse Casamance. Elle comprend notamment l’estuaire du fleuve et sa quinzaine de petites îles.

Carte du Sénégal

L’éco-site de Lilibé se situe sur l’une d’entre elles : Karabane. C’est un lieu tristement célèbre pour son passé esclavagiste dont il ne subsiste aujourd’hui que des ruines. On n’y trouve ni route ni voiture ( ni électricité ni téléphone non plus) et on y respire calme et tranquillité. Le climat est de type tropical, chaud toute l’année, avec une moyenne de 28°C, rendue très agréable par les alizés provenant de l’océan atlantique. Cette île sablonneuse de 57 km2 abrite environ 700 âmes dont près de 400 dans le village qui porte le même nom.

De ce village, dix minutes de marche sur une plage de sable blanc bordée de cocotiers vous mènent à Lilibé : un mini village à vocation écologique et solidaire, lieu d’échange culturel et d’apprentissages divers. On y trouve cinq cases, dont une " case impluvium ", typique de la Casamance avec son toit qui permet de récolter l’eau de pluie pour la saison sèche. L’éco-site possède aussi son propre puits et un jardin biologique. De plus, un panneau solaire alimente l’éclairage de la grande case.

L’éco-site de Lilibé

C’est M.Jean-Philippe BADIANE, Karabanais vivant maintenant en Norvège qui, il y a dix ans, créa le site dans le but de préserver les terres familiales des divers méfaits de l’invasion galopante du tourisme. Son but était d’en faire un lieu de vie et d’accueil où l’on met en pratique quotidiennement l’échange, l’entraide, l’écologie et la solidarité. Ici on vient comme volontaire pour apprendre et transmettre. L’acquittement d’un forfait journalier, la participation aux tâches quotidiennes et le respect des règles de vie en communauté sont obligatoires. On doit aussi s’impliquer dans un projet solidaire en accord avec la raison d’être de Lilibé : Agir pour le développement durable de l’île de Karabane.

L’association Eco-Lilibé

En 2001, un groupe d’amis pictaviens ( habitants de Poitiers ) passionnés d’Afrique et d’écologie rencontre M. Jean-Philippe BADIANE qui recherchait déjà un soutien pour continuer à faire vivre Lilibé. Livré à des manques de moyens humains et financiers, Lilibé était en phase d’essoufflement. En 2003, après un long séjour sur place, un coup de foudre unanime et le constat des nombreuses difficultés qui touchent la population, ce groupe a eu envie d’agir et s’est constitué en association.

C’est ainsi qu’en septembre, est née l’Association Eco-lilibé dont l’objectif est de remettre en marche les actions solidaires, réorganiser le lieu et les activités qui s’y déroulaient, en assurant une gestion continue sur place, et en apportant des moyens humains et financiers pour mener à bien les projets en cours.

Pour cela, un membre de l’association est sur place depuis Novembre 2003 et jusqu’en Juin 2004 pour y suivre les projets suivants :

- Implantation de cuiseurs solaires dans le village de Karabane.

Ce projet réalisé en collaboration avec les associations Bolivia Inti, Club Sans Frontière, Afase 2000 et Colibatan, s’appuie sur une mission expérimentale d’implantation de cuiseurs solaires conduites dans deux villages . Déroulement : Semaine de formation à l’énergie et à la cuisson solaire, animée par un formateur local expérimenté, et construction collective des fours - Remise des fours - Mise au point de recettes - Suivi rapproché de l’utilisation des fours et collecte de la participation financière des utilisateurs. Emission d’un rapport aux différents acteurs du projet.

L’association Club Sans Frontière sera très impliquée puisqu’elle effectuera deux séjours à Karabane dans le cadre de cette mission. Aussi, nous envisageons ensemble d’expérimenter des modes de production simples d’énergies renouvelables ( éolienne, solaire, méthaniseur ) pour les transmettre à la population locale.

Le menuiser et les fours (Dec. 2003)

- Entretien et agrandissement du jardin Biologique.

Ateliers de formation de la population locale aux techniques du jardinage bio. Cultures de semences de légumes rares provenant de l’association Kokopelli. A plus long terme, nous envisageons de cultiver une plante médicinale permettant de soigner le paludisme.

- Mise en place d’un centre de documentation axé sur l’éducation au développement (durable bien entendu) à disposition des villageois.

Sensibilisation (pour cela nous sommes à la recherche d’ouvrages et autres outils pédagogiques adéquats, à emporter sur place).

Principe de fonctionnement du four solaire

Il existe 3 manières de transférer de la chaleur : par conduction, par convection ou par rayonnement. La conduction est le phénomène qui permet de transférer de la chaleur dans un solide, ou un fluide immobile, lorsque que la température n’y est pas homogène (c’est à dire que la température n’est pas la même partout). Lorsque l’on se réchauffe les mains en tenant une tasse d’eau chaude, c’est le matériau de la tasse qui conduit la chaleur de l’eau chaude vers les mains froides ; les métaux sont les meilleurs conducteurs de chaleur. Inversement, grâce à un matériau isolant comme l’air, la laine de verre ou encore les copeaux de bois (utilisés dan nos fours solaires), la chaleur s’évacue difficilement. La convection c’est le phénomène qui permet de refroidir une cuillère de soupe en soufflant dessus. Lorsqu’un fluide, comme l’eau ou l’air est en mouvement le long de la surface d’un solide, il se produit un échange de chaleur entre le fluide et le solide. On parle de convection naturelle lorsque le fluide se met en mouvement naturellement, grâce aux différences de température. C’est notamment le cas pour les gaz, dont la densité dépend de la température ; c’est pour cela que l’air chaud, plus léger que l’air froid, a tendance a monter. Le rayonnement c’est ce qui fait que le soleil ou le feu nous chauffe à distance, même dans le vide ! Le rayonnement est particulièrement important lorsque la température est très élevée.

L’énergie du four provient du rayonnement solaire. Le double-vitrage laisse passer les rayons du soleil qui viennent donc chauffer la marmite et l’intérieur du four. Ensuite l’énergie est " coincée " à l’intérieur car la chaleur ne peut pas s’évacuer par conduction grâce à l’isolant (placé entre la cuve et le bâti) et au double-vitrage (qui isole mieux qu’une simple vitre grâce à la couche d’air entre les 2 vitres). De plus, le rayonnement de la marmite et des parois de la cuve est bloqué par le verre du double-vitrage : c’est le phénomène dit " d’effet de serre ". En effet, le verre est transparent pour les rayons du soleil (dont la température extérieure est de 6000°C !) mais il est opaque par rapport au rayonnement des corps plus froids (jusqu’à quelques centaines de °C). Finalement la température de la marmite augmente jusqu’à presque 100 °C.

Notre premier départ

Nacer LE ROUX, Ramzi TOHME, Guilhem LACAZE et Nicolas BLANCHET décident de partir à Lilibé aux vacances d’avril 2003 avec dans leur bagages les plans d’un cuiseur solaire. C’est grace à ces plans que nous avions construit plus tot dans l’année un cuiseur solaire dans les locaux de notre école (pour plus de details allez voir nos galleries de photos). Nous arrivons donc à Carabane le mardi 15 avril. En 4 jours, avec des outils de fortune, un second four voit le jour, mais cette fois-ci au Sénégal ! De nombreuses modifications par rapport au plan original sont cependant nécessaires. En particulier, le bois disponible se réduit à d’immenses planches d’échafaudage gondolées et un peu de contre-plaqué... En revanche, l’isolation n’a rien à envier à sa jumelle occidentale : la fibre de noix de coco est aussi bonne que la laine de roche ! Après 2 jours de tests, nous goûtons enfin à du riz " solaire ". 3h auront suffit à faire cuire un kilo de riz. D’autant plus que nous nous sommes rendu compte que la forme de la cuve n’était vraiment pas adaptée à la trajectoire du soleil équatorial, contrairement à ce que nous assurait " Bolivia Inti "...

Notre équipe au Sénégal

Il nous restait encore quelques jours pour apprendre aux villageois comment s’en servir. A présent, l’objectif est d’y retourner l’année prochaine, plus longtemps, avec des plans adaptés au matériel local, à la taille des casseroles africaines (2 fois plus grandes) et à l’ensoleillement, de faire construire des fours par les villageois et d’équiper les principaux campements de l’île de Carabane. A plus long terme, nous comptons participer à la création d’une association Eco-Lilibé qui s’occupera du village, des activités culturelles (initiations à la cuisine locale, aux divers artisanats, ...) et écologiques ( cuisine solaire, énergies renouvelables, permaculture, découverte et protection de l’écosystème,...).

La préparation de la construction des fours au Sénégal

En collaboration avec l’association " Ecolilibé ", nous avions préparé à Poitiers notre seconde expédition. Les responsables de cette association nous avaient aidés pour toute la logistique du voyage (arrivée à Dakar, arrivée à Ziguinchor, hébergement sur place, achat des matières premières). Une équipe de 4 membres de l’association " Club Sans Frontière " est ensuite parti du 18 décembre 2003 au 5 janvier 2004.

Nous avions convenu de la construction de 10 fours avec Mosso ETHOIN, le secrétaire de cette association, qui est parti pour 6 mois sur l’île de Carabane. De ce fait, il était notre coordinateur local.

Le projet s’est déroulé en 3 parties :

- Avant notre arrivée, le coordinateur local devait préparer les kits de fours solaires. Il devait aussi trouver un menuisier et les matières premières, nous avions estimé le coût des matières premières (bois, vitre) et la rémunération du menuisier à une somme de 480 euros. Il devait trouver 10 familles qui allaient acquérir les fours solaires et le formateur qui assurerait l’atelier de cuisine solaire avec les villageois. Nous savions que des fours solaires avaient déjà été implantés en Casamance, notre coordinateur devait prendre contact avec Abdoulaye TOURE qui avait assuré des formations de cuisine solaire pour l’association " Bolivia Inti ".

Concernant l’outillage (tournevis, vrille,...) et la quincaillerie (vis, clous, charnières), notre équipe était chargée de les amener de France. Nous avions de ce fait contacté des fournisseurs d’outillage (Cofaq Poitiers, Facom Paris) afin d’obtenir une aide matérielle. Seul l’entreprise Cofaq a répondu à notre demande.

En parallèle de la préparation du voyage, les membres de la première expédition avaient assuré une formation sur la construction de four solaire dans les conditions " Africaines ". Ces " anciens ", suite à leur mission de reconnaissance de Pâques 2003, avaient redessiné les plans du four en prenant en compte l’incidence des rayons du soleil, les matières disponibles localement...

Nous avions formé 2 équipes et ainsi construit 2 fours à Poitiers. Ceux-ci devaient être emmenés par l’équipe au Sénégal.

- Sur place, nous avons été sur l’île de Carabane une quinzaine de jours. Avant Noël, nous avons construit les kits avec les familles. Entre Noël et le 1er de l’an, le formateur locale nous a épauler pour la formation des familles. Nous avons pris quelques jours après le 1er de l’an pour régler les derniers problèmes.

- Au retour, l’équipe a rapidement fait un bilan humain et financier de leur expédition. L’édition d’un rapport de travail a été éditée avant le 15 janvier 2004.

Le coordinateur local assure le suivi et la pérennisation du projet en allant vérifier si le four est utilisé. L’utilisateur doit aussi cotiser à hauteur d’un quart du prix initial sur 6 mois pour acquérir son four. Ce micro-crédit nous permet de suivre l’implantation du four dans la vie de l’utilisateur. L’expérience montre que si les villageois ne sont pas investis financièrement, l’intérêt est moindre. La somme demandée est de l’ordre de 2 euros (1500 CFA) soit à peu près un trentième du salaire moyen sénégalais.

Les personnes participant à cette action doivent faire en sorte que ce planning soit bien tenu, bien qu’en Afrique, le temps ne soit pas abordé de la même manière que dans les pays occidentaux.

La formation " Construction des fours solaires avec les moyens du bord " à Poitiers

Lorsque nous étions au Sénégal, notre équipe n’a pas eu les avantages qu’offre l’électricité : les perceuses et les scies sauteuses était donc à proscrire.

Dans cette optique, les " anciens " ont fait en sorte que la construction des fours soit la plus proche de la réalité sénégalaise. Armés de nos scies égoïnes, nous avons débité tous les morceaux de bois nécessaires à la construction du four. La cuve est construite en bois puis on vient coller du papier aluminium dessus. En effet, il est difficile de se procurer des plaques minces d’aluminium. Nous cherchons encore des imprimeurs prêts à nous donner leurs plaques offsets utilisées.

Construction du four à Poitiers

Nous avons géré 2 équipes du fait de l’emploi du temps chargé des membres. Suite à cette formation, une notice de montage a été rédigée. Nous espérons qu’elle est assez clair pour permettre à une personne non initiée de construire son propre four. Nous espérons pouvoir mettre en ligne cette notice si nous y sommes autorisé.

L’association tient de nouveau à remercier le personnel du Laboratoire d’Etudes Aérodynamique de l’E.N.S.M.A qui nous aident matériellement depuis le début de nos différents projets.

Notre voyage jusqu’à Lilibé

Nous sommes partis tous les quatre le mercredi 17 décembre 2003 pour Paris. Après une nuit près de l’aéroport Charles de Gaulle, nous avons embarqué avec un four en kit (35 kgs) nous restreignant donc pour le poids de nos bagages. L’arrivée à Dakar s’est faite aux alentours de 19h52, la température était de 24°C. Gérard BADIANE, un ami de l’association " Eco-Lilibé ", nous a accueilli et nous a fait découvrir les bas fonds de Dakar. Après une nuit blanche, nous nous sommes retrouvé à Pompier (la gare routière de Dakar) afin de trouver un " taxi-brousse " 7 places en destination de Ziguinchor.

Le " taxi-brousse " 7 places

Ce voyage éprouvant, à travers le Sénégal et la Gambie, nous a conduit tout droit à la capitale de la Casamance, Ziguinchor. Accompagnée par notre coordinateur local Mosso ETHOIN, l’équipe a passé 2 jours à Ziguinchor afin de régler les derniers détails avant de rejoindre l’île de Carabane via Elinkine, embarcadère pour l’île.

Carte de la Basse Casamance

Nous avons trouvé rapidement une pirogue qui acceptait nos 150 kilos de bagages. Enfin, les quatre toubabs (hommes blancs) pouvaient partir pour Lilibé.

La vie à l’éco-site de Lilibé

Cet éco-site est composé de 5 cases. Une case principale d’habitation et de vie avec les chambres, la douche et la cuisine. Cette case est une case à impluvium qui permet de stocker, dans un réservoir, de l’eau de pluie pendant l’hivernage. Cette eau sert à arroser les nouvelles semences et les plantations biologiques. Les 2 autres cases représentées sont d’une part le magasin et les toilettes et d’autre part 2 chambres.

Il y a enfin 2 dernières cases qui sont excentrées du site où sont construites les cases ci-dessus.

Une nouvelle équipe de 7 personnes gère le lieu depuis fin novembre 2003. Elle est composée de :

- Mosso : Responsable de l’éco-site,

- Marie Louise dit " Poupée " : Cuisinière,

- Louis, Médoun, Djibi, Pierre, Naiss : employés.

Près du puits, un jardin biologique enrichi avec du compost est entretenu par l’équipe. Afin de fournir de l’électricité pour le soir, la case à impluvium est équipée d’un panneau solaire de 50 W. Cette lumière solaire est soutenue par des lampes à pétrole.

Nous nous levions vers 7h30-8h tous les matins ; une ou deux personnes allaient chercher le pain au village (1 km) pendant que les autres commencaient à travailler. Le petit déjeuner était pris tous ensemble puis chacun retournait à ses travaux. Tous les jours, il fallait aller chercher de l’eau au puit. Cette eau sert à la cuisine, à la toilette et la boisson. La consommation d’eau est à peu près de 20 litres par personne par jour.

Le puits et le transport des bidons

Notre travail était ponctué par des pauses thé sénégalais. Celui-ci est servi en 3 fois et est souvent une invitation à la discussion. Comme la nuit tombe rapidement (18 h), on se retrouvait tous près des points de lumière.

A la différence des habitudes occidentales, les repas se prennent déchaussés sur une natte, servis dans de grands plats communautaires où chacun mange à la cuillère. L’alimentation est basée sur les céréales, le poisson, les oignons et les légumes.

Les repas à la sénégalaise

Nous avons passé des soirées autour du feu et nous nous sommes joints aux villageois pour fêter Noël et le Nouvel An.

Construction des fours à Lilibé

Notre coordinateur local avait trouvé toutes les matières premières (contreplaqué, planches, verre pour le double vitrage). Il avait commencé la découpe du bois avant notre arrivée. Le verre commandé spécialement avait été acheminé de Dakar. Ce dernier avait fait appel au menuisier de l’île , Sidy DIAFOUNE. Nous l’avons formé à la construction du four grâce au kit transporté depuis Poitiers. Nous avons, en retour, bénéficié de son savoir-faire en matière de menuiserie. La collaboration avec celui-ci a été un vrai échange technique et culturel. En trois jours, cinq fours complets ont été montés. De plus, trois kits étaient prêts à être assemblés pendant la formation avec les familles de Carabane.

Les fours après 3 jours de travail

Pour isoler thermiquement le four, des copeaux de bois provenant de la scierie d’un village voisin ont été utilisés. Une colle artisanale constituée de farine, de sucre et d’eau a été utilisée pour fixer le papier aluminium (destiné à la réflexion de la lumière) sur la cuve en bois.

L’isolation et la fin de la pose de l’aluminium

La formation de Abdoulaye Touré

Afin d’optimiser les fours et d’apprendre à les utiliser, Mosso ETHOIN avait contacté Abdoulaye TOURE, responsable des énergies renouvelables pour les éco-villages du Sénégal et professeur à l’université de Dakar. Il est extrêmement compétent en matière d’énergie solaire et a suivi l’implantation de nombreux fours solaires à travers le monde. Dès son arrivée, il nous a appris qu’il existe plusieurs générations de fours et que nos plans sont de la première génération. Sous sa tutelle, nous avons procédé à des modifications, notamment en matière d’étanchéité et de forme.

Construction du nouveau four avec A.TOURE

Des relevés de température à l’intérieur de la cuve ont été également effectués. Bien que la période décembre-janvier ne soit pas la plus favorable à l’utilisation du four (nuages, ensoleillement moyen) l’air à l’intérieur du four a dépassé 110°C, ce qui laisse présager d’excellents résultats pendant la période d’expérimentation.

Avant notre départ, une rencontre entre Abdoulaye TOURE, EcoLilibé, Club Sans Frontière, le menuisier Sidy DIAFOUNE et le groupement des femmes de Carabane (responsable de la gestion et de la répartition des fours) a été organisée.

La rencontre du 1er janvier 2004 à Lilibé

Ces femmes nous ont paru très enthousiastes et ont adhéré rapidement au principe du four bien qu’il remette en cause une partie de leurs habitudes culinaires. Ceci est de bonne augure pour la pérennisation du projet. Par la suite, A.TOURE doit animer un atelier de cuisine solaire incluant des séances communes de cuisson et de sensibilisation à l’écologie. Notre équipe n’a malheureusement pas pu y assister car nos obligations universitaires nous ont contraints à rejoindre Poitiers.

Nous allons assurer l’assistance technique avec le menuisier mais nous allons nous détacher de la responsabilité de répartir les fours garantissant ainsi une autonomie aux villageois. En accord avec A.TOURE, nous avons adopté une charte graphique pour nos fours aux couleurs du Sénégal, permettant de les reconnaître dans l’avenir.

Nous avons mis en place un système de micro-crédit permettant d’élargir l’accès aux fours pour les plus démunis. Le micro-crédit consiste en un engagement financier à hauteur d’un cinquième du prix du four (9000 CFA) soit 14 euros. L’argent ainsi généré permet d’entretenir et de construire de nouveaux fours. Les familles signent un contrat d’expérimentation pour une durée de 6 mois imposant 3 cuissons minimums par semaine. Le remplissage de fiches de cuisson permet un suivi cohérent.

Finalement notre travail pourrait aboutir sur une quatrième génération de fours. C’est une étape importante franchie pour le développement durable.

Bilan de l’expédition

A la fin de la construction des fours à Poitiers, nous nous sommes rendus compte qu’un four pesait 35 kg. L’objectif était d’en emmener 2 mais la charge totale ne devait pas dépasser 60 kg pour 4 personnes. Nous n’avons pas anticipé car il aurait peut-être été possible de demander une dérogation à la compagnie aérienne dans le cadre de notre projet.

Les imprévus financiers ont été la cause de tensions et de pertes de temps.

Avant la formation, les fours fonctionnaient moyennement à cause de problèmes d’étanchéité et par manque d’ensoleillement. De plus, nous aurions dû faire une formation à la cuisine solaire lors des stages organisés par l’association " Bolivia Inti ".

Concernant la réalisation des fours, il faut prendre en compte le problème des délais dans les pays africains (ils ne sont pas à un jour près !) et le moindre besoin nécessite un retour sur le continent (isolation des fours, visserie, peinture,...). Finalement, on perd facilement une journée pour des " broutilles " et il faut savoir tout anticiper.

Le voyage s’est bien déroulé, les étapes à Dakar et à Ziguinchor ont été bien organisées notamment grâce à l’association " Eco-lilibé ". L’accueil des villageois, surtout en Casamance, a été excellent ce qui a rendu l’échange culturel très facile.

En conclusion, les objectifs ont été respectés par les différents partenaires. Notre coordinateur local a trouvé les matières premières et a contacté le menuisier et le formateur. Notre équipe n’a réussi à emmener qu’un seul kit mais nous avons pu descendre tous les outils prévus et ainsi travailler dans les meilleures conditions. Le pari de construire une dizaine de fours en 10 jours a été relevé, pour le bonheur de tous ;-)

Les nouvelles directives

Les étudiants de 2ème Année de l’E.N.S.M.A ont effectué en janvier 2004 un projet de bureaux d’études sur la conception et la réalisation d’une mini-éolienne, afin de l’implanter sur l’île de Karabane dans un premier temps.

Nous prévoyons de retourner sur l’île de Karabane aux vacances de Pâques 2004 pour faire un bilan de l’utilisation des fours. A cette occasion nous remettrons des diplômes aux villageois qui auront respecté le contrat d’expérimentation. Lors de cette cérémonie, la télévision sénégalaise et une radio de Ziguinchor devraient faire un reportage. Nous profiterons de cette occasion pour essayer d’expérimenter notre mini-éolienne et de réaliser des poêles à économie de bois. Un autre projet d’implantation de fours est envisagé dans un des pays suivants : Burkina Faso , Tanzanie ou Cameroun.

L’association continuera tout au long de l’année à faire de la sensibilisation sur les énergies renouvelables et la consommation abusive d’énergie auprès des occidentaux. En janvier, nous avons été interviewés par Radio Pulsar’ (Vienne). En mars, nous avons participé aux journées contre le racisme en partenariat avec l’AFEV 86. En juin, l’association sera présente sur le festival Zaka Africa (Poitiers).

Nous continuons à chercher des partenaires matériels et financiers afin de mettre en place correctement les nouvelles directives pour l’année 2004. Enfin, nous comptons participer à un maximum de concours étudiants pour financer et promouvoir nos projets de développement durable.